Il n'a pas changé. Ou si peu. Moins prompt à piquer une colère.
Mais toujours vif pour dénoncer les atteintes à la démocratie.
Jacques Santrot : un professeur devant son auditoire qui avait rempli la grande salle de la Maison de la Gibauderie, lundi soir. - (Photo NR)
Jacques Santrot, ancien député (1978-1993) et ancien maire de Poitiers (1977-2008) est intervenu, lundi soir, à la Maison de Gibauderie devant 150 personnes sur la question de la réforme des collectivités locales.
L'homme politique est resté pédagogue : il fut maître de conférences à l'Ensma.
C'est le prof qui parlait quand il a expliqué ce qu'est « la compétence générale » dont seraient privés le
conseil général et le conseil régional si le projet de loi adopté sur le fil par le Sénat dans une première lecture, venait à être validé par l'Assemblée nationale.
'' Le salaire de l'élu, c'est la reconnaissance du travail accompli ''
« La compétence générale, c'est la possibilité offerte à une collectivité de se saisir de dossiers qui ne sont pas forcément de son domaine. Sans la compétence générale, le conseil général de la Vienne n'aurait jamais pu lancer le Futuroscope. »
Jacques Santrot est aussi resté un homme politique. Il appelle toujours « camarades » ses amis socialistes et défend le statut de l'élu local sans lequel le pouvoir serait détourné par la haute administration.
Tout particulièrement celle de Bercy (le ministère des Finances) qu'il ne porte pas dans son coeur.
Sur ce point, il s'en prend au populisme ambiant et aux attaques contre la rémunération des députés. «
S'est-on interrogé sur le salaire des hauts fonctionnaires ou la rémunération des préfets 40 % plus élevée que celle d'un député ? Un élu local, lui, vit une situation très aléatoire avec une très grande difficulté de retrouver un travail s'il est salarié ou chef d'entreprise quand il perd son mandat électoral. La France est l'un des derniers pays européens où il n'y a pas de statut de l'élu. Il n'y a pas de démocratie si un élu n'a pas les moyens financiers d'exercer correctement son mandat »
Et de donner l'exemple de l'Allemagne.
« Le maire de Marbourg, ville jumelée avec Poitiers et ses trois plus proches adjoints sont payés à temps plein et cotisent à une caisse de retraite et de chômage. C'est la reconnaissance du travail de l'élu au service de la collectivité. »
Pour autant, l'ancien député-maire de Poitiers ne défend pas le statu quo. « Il y a eu des excès avec la compétence générale. Un président de club sportif de Migné-Auxances - je ne lui en veux pas - avait obtenu une subvention du conseil régional. Facile : il était aussi dans le cabinet de l'ancien président. »
Avant de lancer : « Ce projet de loi est animé par une volonté politicienne. Le but est de reprendre la main sur les conseils généraux et régionaux, aujourd'hui, majoritairement à gauche. »
Jean-Jacques Boissonneau
N.R.
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